Ensemble, construisons l'Europe de demain ! Conférence sur l'Europe de la santé
Thierry Michels, député du Bas-Rhin et membre de la Commission des Affaires européennes de l’Assemblée nationale, souhaite s’inscrire dans la Conférence sur l’Avenir de l’Europe. À ce titre, le député organise un événement en partenariat avec l'association Sciences Po Forum de l'Institut d'Etudes Politiques (IEP) de Strasbourg. Cette grande école forme des étudiants à vocation européenne et internationale aux sciences politiques. Dans la mesure où la jeunesse joue un rôle essentiel dans cette conférence mais aussi dans la construction de l’Europe de demain, cet événement organisé avec les étudiants de Sciences Po Strasbourg est plus que pertinent.
L’événement se déroulera autour de la thématique de l’Europe de la santé, mais seront également abordées d'autres thématiques transversales telles que la solidarité, la politique industrielle, la transition écologique et énergétique, etc.
Le député Thierry Michels et Sciences Po Forum vous invitent le lundi 18 octobre 2021 à 18h30 dans les locaux de l’Institut Politique de Strasbourg pour échanger et penser collectivement notre Europe de demain !
Thierry Michels, deputy of the Bas-Rhin department in France and member of the European Affairs Committee of the National Assembly wishes to take part in the Conference on the Future of Europe. As such, the deputy is organizing an event in collaboration with the Institute of Political Studies (IEP) of the University of Strasbourg. The institute trains students with a European and international vocation in political science. As youth plays an essential role in this conference but also in the construction of the future of Europe, this event organized with students of Sciences Po Strasbourg is more than relevant.
The event will be held around the Europe of health but other cross-cutting themes among which solidarity, industrial policy, ecological and energy transition will also be addressed.
The deputy Thierry Michels and SciencesPo Forum are inviting you to a debate on Monday, October 18, 2021 at 6:30 p.m. at the Institut of Political Studies (IEP) of Strasbourg to think collectively and discuss the future of Europe.
7 Rue de l'Écarlate CS 20024, 67082 Strasbourg
Event report
Conférence-débat Sciences Po - Europe de la santé Thierry Michels, député du Bas-Rhin - 1ere circonscription 18 octobre 2021 – 18h30 à 20h00 RESTITUTION : 1) Déroulement général : Organisateurs : Association Sciences Po Forum de l’Institut d’Etudes Politiques (IEP) de Strasbourg et Thierry Michels, député de la 1ère circonscription du Bas Rhin Nombre de participants : 30 étudiants de l’Institut d’Etudes Politiques (IEP) de Strasbourg, dont trois membres de l’équipe du député Michels. Format : La conférence-débat animée par deux modérateurs de l’association Sciences Po Forum s’est déroulée en trois séquences : Introduction par Sciences Po Forum et Présentation du député Michels et de son travail parlementaire (15 mins) Questions des modérateurs au député Michels sur la thématique de l'Europe de la santé : (25 mins) Temps d'échange direct avec les étudiants (45 mins) 2) Conclusion La conférence-débat du lundi 18 octobre 2021 met en évidence que la thématique est une préoccupation des étudiants de l’Institut d’études Politiques de Strasbourg, un public déjà sensibilisé aux enjeux et fonctionnement de l’Union Europe. Ce constat, le député Michels s’en fait le témoin puisque lors des consultations citoyennes sur l’Europe qu’il avait mené sur le territoire strasbourgeois en 2018, suite à la proposition émise par le Président de la République dans son discours de la Sorbonne de 26 septembre 2017, le thème de l’Europe de la santé n’avait pas été évoqué. Dans les échanges du 18 octobre 2021, les étudiants ont montré leur intérêt sur plusieurs thématiques liées à la politique sanitaire européenne : - Sur l’harmonisation des systèmes de santé : Il est ressorti un questionnement sur les moyens nécessaires à une harmonisation des politiques sanitaires des 27 Etats-membres au travers de l’Europe de la santé. L’enjeu soulevé est celui de combler les différentiels entre des Etats dont le budget alloué aux politiques de santé n’est pas le même. Ces différences pourraient créer une Europe à deux vitesses comme l’a soulevé une étudiante. La réponse proposée est celle de la solidarité : mise en place de fonds solidaires pour soutenir les Etats concentrant le plus de difficultés. L’autre question soulevée est celle de la création d’un socle juridique pour asseoir cette Europe de la santé, ce qui revient à poser la question de la modification traitée des traités et donc des compétences de l’Union européenne en matière de santé. Si aucune réponse n’a été explicitement apportée lors de l’échange, aucun avis défavorable à un élargissement des compétences de l’Union Europe n’a été formulé. - Sur la Recherche fondamentale et appliquée et l’autonomie stratégique Il a été également mis en avant aux cours des échanges le nécessaire renforcement des moyens financiers de l’Union européenne en matière de Recherche fondamentale et appliquée. Le principal combat de l’Europe de demain pourrait ainsi être le renforcement de sa capacité à innover sur son sol mais également à traduire cette innovation en production européenne. C’est notamment ce que souligne la question d’un étudiant sur l’incapacité de l’entreprise Sanofi à produire des vaccins. Cet intérêt des étudiants en matière de Recherche se traduit également dans les questionnements relatifs à la nouvelle Autorité de préparation et de réaction en cas d'urgence sanitaire (HERA). Cette autorité apparaît comme une réponse pertinente à l’enjeu soulevé ci-dessous ainsi qu’à la nécessaire réorganisation de la chaîne de production au niveau européen selon les besoins identifiés. - Sur la thématique de la santé mentale : La prise en compte de la santé mentale dans les politiques sanitaires européennes apparaît comme un enjeu important. Souvent parent pauvre des politiques de santé nationale, suite à la pandémie mondiale de Covid-19 il semblerait pertinent de mettre l’accent sur cet enjeu à l’échelle européenne. - Points divers : Par ailleurs il est également apparu que la question de la dette européenne préoccupe les étudiants. Les étudiants ont pointé du doigt le manque d’intérêt grandissant des citoyens pour les questions européennes et souhaiteraient que des moyens soient déployés afin de pallier ce problème. La question de la relocalisation et les craintes liées à la perte d’avantage compétitif ont également été évoquées. 3) Synthèse des échanges a. Intervention du député Thierry Michels : - L'engagement en politique : "J’ai fait le choix de m’engager en politique en 2016 aux côtés d’Emmanuel Macron pour la République en Marche dans l’objectif de dépasser les clivages et identifier les difficultés de la société française et d’y remédier. J’étais également favorable au projet européen ambitieux que portait le candidat Macron”. - L’engagement pour l’Europe et l’Europe de Strasbourg à Strasbourg : “Dans le contexte international que nous avons connu (mandat présidentiel de Donald Trump) ou que nous connaissons (Brexit et montée de l’extrême-droite en Europe de l’Est) l’Union européenne a un rôle important à jouer. Les règles européennes définissent une Europe de valeurs auxquelles nous sommes tous attachés et qu’il nous faut défendre. C’est notamment à Strasbourg, siège du Parlement et du Conseil de l’Europe que ce combat doit se poursuivre. Il n’y a que 3 villes qui sont des capitales diplomatiques sans être pour autant des capitales d’État. Toutes les parties prenantes du territoire œuvre pour faire de Strasbourg une capitale diplomatique européenne mondiale, C’est objectif que porte le Contrat Triennal qui associe l’action de l’État et des collectivités territoriales pour permettre à Strasbourg d’avoir l’attractivité nécessaire en termes d’infrastructures, d’accessibilité ou encore de conditions de travail des eurodéputés. Le travail que j’ai mené avec Eric Straumann (Rapport N° 2061 publié en 2019 de la Commission des affaires étrangères sur la proposition de résolution européenne de MM. Thierry Michels et Éric Straumann, rapporteur de la commission des affaires européennes relative à l'action des autorités françaises en faveur de l'attractivité de Strasbourg, siège européen), député de Colmar, a révélé que l’État et les collectivités avaient dépensé 1,5 milliards d’euros en 20 ans pour rendre la ville de Strasbourg attractive et en capacité d’accueillir les institutions. Malgré cela, il est toujours difficile de faire entendre que Strasbourg est bien le siège du Parlement européen. C’est un débat maintes fois renouvelé. Le retour des eurodéputés à Strasbourg pendant la crise du Covid-19 n’a jamais eu lieu malgré de nombreuses promesses. Les collectivités locales ont même mis le bâtiment Osmose à disposition du Parlement européen, mais le président du Parlement européen, David Sassoli n’en veut toujours pas alors que l’enjeu pour Strasbourg est un nécessaire rééquilibrage des activités du Parlement européen avec Bruxelles. Strasbourg représente une Europe polycentrique, l’Europe des peuples et l’Europe démocratique et non pas technocratique. De ce point de vue-là, Strasbourg a le soutien du gouvernement français. Le président de la République a lancé la conférence sur l’Avenir de l’Europe le 9 mai dernier au Parlement européen de Strasbourg. Un certain nombre d’événements en lien avec la Présidence française de l’Union européenne (PFUE) auront lieu à Strasbourg. C’est sous cette présidence qu’auront lieu les conclusions de cette conférence sur l’Avenir de l’Europe”. - L’engagement pour une Europe de la santé : Pour parler d’Europe de la santé, je souhaite citer Jean Monnet : « L’Europe se construira dans les crises et sera la somme des réponses à ces crises ». Quel meilleur exemple que la crise sanitaire que nous vivons aujourd’hui pour illustrer les propos de l’un des pères fondateurs de l’UE. Si l’on regarde ce qui a été fait au niveau européen, l’Europe a été à la hauteur de ce défi. Il y a à la fois un succès moral, puisque grâce à sa stratégie vaccinale, l’Europe a permis à chaque Etat membre, peu importe sa richesse, d’accéder au vaccin européen. Je rappelle qu’au sein de l'Union européenne, les dépenses liées à la santé varient beaucoup d’un état à un autre. La France, l’Allemagne et la Suède font par exemple partie des pays qui dépensent le plus. La Roumanie dépense beaucoup moins. Malgré cela, tous ont pu accéder au vaccin. Le fait que les États-membres décident de travailler ensemble et de mettre en commun leurs ressources a très bien fonctionné. Cette stratégie vaccinale a également bien fonctionné en dehors de l’UE avec les exportations de vaccins fabriqués en Europe dans le cadre du dispositif COVAX. L’Europe n’a pas uniquement cherché à se protéger elle-même, mais a voulu partager sa dotation en vaccins. Ensuite, on peut parler de succès sanitaire, puisque l’UE est aujourd’hui l’ensemble économique qui compte le plus de personnes vaccinées, loin devant les États-Unis, le Royaume-Uni, la Russie ou encore la Chine. C’est une réussite sanitaire très importante. Enfin, un succès économique pour l’UE. La crise sanitaire a révélé le besoin de gérer ensemble les conséquences économiques et sociales. C’est le plan européen de 750 milliards d’euros d’investissement dans la relance européenne dont la France bénéficie à hauteur de 40 milliards d’euros. Encore une fois, c’est la première fois que nous avons une mise en commun de l’endettement européen. Pour toutes ces raisons, j’ai la conviction que l’Europe a été à la hauteur de cet enjeu, et ainsi à la hauteur des attentes de nos concitoyens. b. Questions des modérateurs au député Michels sur la thématique de l'Europe de la santé : N°1 Q : Pour aborder de manière plus concrète l’Europe de la santé, je souhaite revenir sur le rapport d’information que vous avez publié en juillet (Rapport d'information N° 4327 sur des actes de l'Union européenne déposé par la commission des affaires européennes relatif à la coordination par l’Union européenne des mesures nationales de gestion de la crise sanitaire). Vous mentionnez dans ce rapport que l’Europe de la santé est un sujet de préoccupation relativement récent et qu'encore aujourd'hui le volet santé n’est qu’une compétence d’appui de l’EU. On pourrait alors se demander si dans ce contexte, il est possible de créer un socle juridique ou une assise assez forte pour mettre en œuvre une Europe de la santé. R : Il faut bien rappeler que la santé dans les Traités de l’Union est une compétence d’appui, chaque pays dans l’Union Européenne mène ses politiques de santé de manière autonome. Il y a de grandes différences en termes d’investissement en santé liées à des différentiels de richesse qui font que chaque Etat ne consacre pas la même part de richesse à la santé. Par contre, l’Europe de la santé se construit déjà au travers de la mise en commun des grands thèmes de santé. Prenons l’exemple de la Sénologie : les approches modernes de la lutte et prévention du cancer du sein ont été imaginé à Strasbourg dans les années 1960 avec les premières réflexions autour d’une prise en charge pluridisciplinaire du cancer du sein, à la fois sur le côté prévention et celui du traitement de cette maladie. Cette approche et ces travaux se sont ensuite diffusés dans toute l’Union européenne et sont aujourd’hui intégrés dans les normes et grandes directions de l’UE en la matière. N°2 Q : Vous avez mis en avant le fait que l’Europe ait réussi sa stratégie de vaccination, même si au départ la stratégie de coordination de l‘Europe a été fortement critiquée (les Etat membres ont refermé leurs frontières unilatéralement). Pensez-vous qu’un socle sanitaire plus fort aurait permis une meilleure gestion et une gestion plus rapide ? A la lumière de cette crise, quels objectifs à moyens termes pourrait se fixer l’UE ? R : Vous avez raison de le rappeler, au début de la crise, la réaction des pays membres a été de gérer unilatéralement la crise : rapatriement des citoyens européens situés dans les pays touchés par la crise sanitaire et leurs isolements. Puis en mars et avril, c’est le moment de sidération, l'Europe conscience que la crise peut toucher l’ensemble des pays. De très nombreux pays ferment leurs frontières pour préserver ses habitants. Pour Strasbourg, c’est un choc considérable que la fermeture de la frontière franco-allemande. A cela j’ajoute la pénurie de masque à laquelle tous les pays font face. Les semaines suivantes, très rapidement les choses s’organisent et le Conseil européen se réunit pour organiser ses activités. Il faut bien saisir que l’on répond dans l’urgence ; les plans qui existaient au préalable ne sont pas adaptés pour faire face à une crise d’une telle nature. C’est d’ailleurs ce que je mets en avant dans mon rapport, l’enjeu de la nouvelle agence Autorité de préparation et de réaction en cas d'urgence sanitaire (HERA) est de travailler sur ces scénarios catastrophes et de les tester pour que nous soyons mieux préparés. Par ailleurs, le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC) a été fortement critiqué pour son rôle très peu actif dans la crise sanitaire. Cet organisme chargé de suivre les épidémies a été totalement dépassé car il n’était pas habitué à gérer des épidémies comme celle que nous connaissons. Dans le rapport d’information que j’ai présenté le 07 juillet dernier, je propose donc de renforcer nos moyens grâce à une HERA calquée sur la Biomedical Advanced Research and Development Authority (BARDA) américaine pour avancer sur la recherche européenne et s’assurer que les innovations en santé puissent être produites en Europe. Il faut rappeler que le vaccin Pfizer, vaccin qui s’est révélé être très efficace contre la covid-19, a été imaginé dans une start-up allemande financée via des fonds européens. Cela doit nous amener à nous questionner sur la capacité de l'Europe à convertir les résultats de la recherche européenne en résultats effectifs sur notre sol. N°3 Q : Vous venez d’évoquer l’HERA, cette autorité qui vient d’être crée par la Commission européenne, déjà annoncée depuis novembre 2020, est-ce qu’on peut considérer que l’HERA marque un tournant dans la construction d’une Europe de la santé ? Pouvez-vous revenir sur les modalités de fonctionnement et les objectifs de cette autorité ? R : L’HERA constitue une étape fondamentale afin de doter l’Union européenne d’une recherche commune en matière pharmaceutique, de susciter l’innovation européenne dans les domaines de la santé. L'Europe doit être au rendez-vous et doit prendre la mesure de la menace des GAFAM qui travaillent actuellement sur ces systèmes qui vont permettre d’utiliser au mieux toutes nos données de santé et leur collecte. Je plaidais pour que l’HERA prenne la forme d’une agence permanente dont le directeur serait jugé sur ses résultats et bénéficiant d'un financement pérenne et substantiel. La Commission a réaffirmé son engagement pour sa mise en place dans le Discours sur l’Etat de l’Union avec un budget de 6 milliards d'euros provenant de l'actuel cadre financier pluriannuel pour la période 2022-2027 je m’interroge quant à ses contours. L’HERA ne se sera finalement pas une agence mais une autorité : une unité au sein de la Commission européenne. Je pense qu’il faut aller plus loin, par exemple, la BARDA américaine est dotée de 15 milliards de dollars dans environnement économique où le partenariat Recherche publique/ privé est plus performant. Cela va être un vrai sujet pour la Présidence française de l’Union européenne que de donner corps à cette HERA, qui, aujourd’hui existe sur des documents papiers. Un sujet primordial auquel il faut accorder toute notre vigilance. N°4 Q: Chaque pays membre de l’Union Européenne est profondément attaché à son système de santé, en particulier la France, comment mettre en place une Europe de la santé commune à tous les Etats-membres ? R : Je pense qu’il faut travailler sur les normes, c’est-à-dire trouver les bons moyens de partager au niveau européen les meilleures pratiques thérapeutiques pour qu’elles se diffusent au mieux et deviennent des normes européennes. S’assurer que l’on puisse, de manière solidaire, aider les pays les plus en difficultés grâce à des fonds d’aides pour permettre à chacun d’évoluer dans les domaines où il a le plus de progrès à faire. L’harmonisation des politiques de santé est un long chemin mais qui est possible. Par exemple, l’Europe s’est mise d’accord sur la notion d’un Pass sanitaire reconnu dans toute l’Europe et pourtant chaque Etat décide de qu’il fait de ce Pass et à quel droit il ouvre l’accès. Il faut bien rappeler que la solidarité est présente au sein de l’Union européenne, et elle l’a été durant la crise de covid-19. Je pense notamment à l’exemple de nos voisins allemands qui nous sont venus en aide via les transferts de patients et leur prise en charge. C'est aussi le résultat des liens qui se sont tissés entre les différentes communautés médicales transfrontalières. De nombreuses choses existent au niveau du transfrontalier qu’il faut continuer à soutenir pour mettre les moyens en commun, notamment entre pays comme la France et l’Allemagne qui ont des systèmes de santé de qualité relativement similaires. N°5 Q : On voit donc que l’harmonisation des systèmes de santé est un enjeu fondamental de l’Europe de la santé, tous les systèmes de santé ne se ressemblent pas. Vous avez évoqué la centralisation pour la France, mais ce système n’est pas le même pour l’Allemagne ou pour la Hongrie par exemple. Qu’est ce qui pourrait pousser les pays à organiser ces systèmes, quel pourrait en être le gain ? R : Il y aurait effectivement un gain si tous les pays en Europe étaient au niveau de qualité des systèmes de la France, l’Allemagne ou la Suède, les citoyens européens seraient en meilleure santé. Il sera justement intéressant de voir dans le cadre de la Conférence sur l’Avenir de l’Europe ce que vont dire les citoyens européens sur cette question. L’Europe, elle se définit par les citoyens. Et peut-être que finalement les citoyens considéreront qu’il y a peut-être d’autres priorités d’investissement à mener. C’est une question à poser aux citoyens, ils ont la parole dans le cadre de cet exercice de démocratie participative. c. Echange direct avec les étudiants de Sciences Po Strasbourg N°6 Q : Quelle prise en compte de la santé mentale dans la politique sanitaire de l’Union européenne, fait-elle partie de l’Europe de la santé ? R : Je pense que oui, car la santé mentale fait partie des politiques nationales de santé. D’ailleurs, elle suscite aujourd’hui des débats en France. On dit aujourd’hui que la santé mentale est un parent pauvre des politiques de santé publique. Je pense donc que cette question se pose évidemment dans d’autres pays. Il s’agit là d’un beau sujet sur lequel il conviendra d’être vigilant dans la construction de l’Europe de la santé : œuvrer pour une définition commune entre les 27 Etats membres et une harmonisation de la prise en compte de cette thématique au niveau national. Si on revient à l’exemple de la sénologie, on constate que certains pays sont plus avancés que d’autres en la matière, à eux de montrer le chemin pour que des approches similaires puissent être mises en place dans d’autres pays européens. Un partage d’expérience me semble être la réponse la plus logique à apporter ainsi que l’accompagnement au travers de fonds de recherches. N°7 Q : Sur la question des vaccins, la France s’est faite distancer par d’autres pays, je pense notamment aux recherches pour le vaccin Sanofi. Comment vous expliquez-vous ? Est-ce un mauvais pari ou une faille plus profonde liée à de mauvais investissements ? R : Si on se replace 18 mois plus tôt, personne n’était en mesure de dire si nous allions parvenir à trouver un vaccin, on ne savait pas. La recherche est toujours un pari, l’UE a fait le choix de l’investissement sur 7 vaccins dont le vaccin Sanofi. Sanofi n’avait pas choisi le bon cheval si je peux dire. Heureusement, nous n’étions pas tout seul ce qui montre l’intérêt d’avoir mutualisé ce risque. N°8 Q : Vous parlez d’harmonisation des politiques de santé au niveau européen, mais est-ce que vous ne pensez pas que le progrès médical, je pense notamment à la télémédecine, ne risque pas d’aboutir à une Europe de la santé à deux vitesses avec des Etats membres qui n’ont pas le même développement que la France ou l’Allemagne par exemple ? R : C’est effectivement un risque, si on regarde dans notre pays, il y a déjà des concitoyens qui n’ont pas le même accès au système de santé, je pense en particulier aux personnes en situation de handicap. Si on regarde en termes de géographie en France, habiter en ville offre un accès aux soins plus facile. Il faudrait donc aller chercher les citoyens et leur proposer des solutions là où ils sont. C’est tout l’enjeu des programmes européens : regarder comment dans chaque pays, à travers son développement économique, on pourrait dégager plus de moyens pour la santé et comment il serait possible d’aider certains pays pour leur faire profiter des innovations existantes. Certains feront peut-être ce chemin de manière plus rapide que d’autres. N°9 Q : Je voudrais vous interroger sur les vaccins russes : qu’en est-il actuellement et quel est votre point de vue sur une coopération renforcée de l’Europe avec notre voisin russe ? R : Il y a eu ce débat : Pourquoi est-ce que ce vaccin n’est pas disponible dans l’UE ? La réponse est simple : les autorités russes n’ont pas déposé de dossier à examiner. L’Europe, grâce à l’Agence Européenne du médicament (EMA) est dotée de la responsabilité de vérifier que les produits mis à disposition des européens soient suffisamment sûrs. Il en va de même pour le vaccin chinois. L’Europe n’a rien contre les vaccins russes ou chinois, au contraire, tout ce qui peut contribuer à vacciner la planète est le bienvenu. Mais en ce qui concerne son utilisation sur le sol européen, il y a des règles à respecter. Sur la coopération avec la Russie, ce pays est déjà plus ou moins intégré, l’UE dépend de la Russie pour ses approvisionnements en gaz par exemple. C’est à la fois un atout et un problème quand les relations ne sont pas au beau fixe. Tendons la main tout en étant pragmatiques, mais surtout le dialogue est fondamental. Chaque fois qu’il est possible, nous devons associer nos amis russes, par exemple sur la question du réchauffement climatique et des enjeux écologiques, finalement nous partageons tous la même planète. N°10 Q : Dans votre rapport d’information, vous parlez beaucoup d’autonomie stratégique et de son importance pour gagner en indépendance. Vous évoquez la recherche fondamentale, est-ce que ce n’est pas finalement pas cela le vrai combat de demain ? R : C’est vrai, si l’Europe choisie d’investir dans les batteries, il faut qu’elle investisse dans des batteries de trois ou quatre générations pour loin, car d’une certaine façon la bataille actuelle sur les batteries est perdue : les constructeurs s'approvisionnent aujourd’hui en matériaux provenant de Corée ou de Chine. Travaillons sur l’ordinateur quantique ou encore sur l’intelligence artificielle. Posons-nous la question des terres rares : comment s’en passer et concevoir des batteries plus propres nécessitant moins de ressources importées. Tout le monde a encore en tête le fiasco de l’investissement massif dans les panneaux solaires des années 2010 arrêté puisque les financements publics européens venaient finalement soutenir la Chine. L’argent des européens doit d’abord servir aux européens et aux emplois dont nous avons besoin, cela pose la question de la réindustrialisation européenne qui est notamment un problème français. N°11 Q : Vous avez parlé d’unité de l’Europe dans les vaccins, mais on observe aussi des attitudes unilatérales de quelques pays qui les ont parfois retirés. Vous ne trouvez pas que ces attitudes-là bloquent l’harmonisation d’une Europe de la santé ? R : Vous avez raison, il y a eu de la cacophonie pour le vaccin AstraZeneca avec certains pays qui ont retiré ce vaccin. Cela montre la faiblesse des autorités européennes qui n’ont pas encore aujourd’hui une pleine crédibilité. Il y a effectivement eu cette défiance dans les instances internationales : l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) et l’EMA ont également été fortement critiquées. C’est le signe que, dans cette Europe de la santé, chaque Etat reste maître de la santé de ses concitoyens, c’est d'ailleurs sa responsabilité propre selon le principe de subsidiarité. Je voudrais faire un aparté pour ajouter que ce que l’on a aussi vu dans la crise, c’est que les pseudos experts sur les réseaux sociaux avaient autant de crédibilité que les institutions et les scientifiques renommés. Cela a aussi été un vrai sujet de s’assurer que la parole scientifique puisse être entendue et considérée comme crédible. Je pense qu’il y a là un travail important à faire pour l’éducation sur la pensée scientifique et la construction d’un esprit critique qui permette à chacun d’aller chercher les informations. N°12 Q : Vous avez parlé tout à l’heure de la relocalisation, ne pensez-vous pas que la relocalisation devrait être pensée à l’échelle européenne pour ne pas qu’elle devienne contreproductive ? R : C’est un très bon point, et c’est encore un rôle pour l’HERA que d’organiser la chaîne de production au niveau européen en fonction des besoins que nous avons (également rôle du commissaire européen Thierry Breton). Chaque pays européen n’est pas obligé d’avoir toutes les usines sur son sol. L’objectif n’est pas de revenir à une forme de protectionnisme car nous sommes partenaires européens. Toutefois, il y a un certain nombre de chaînes d’approvisionnement pour lesquelles nous devons répartir la production sur le sol européen (ex : production de masques). L'objectif est donc d’avoir plus de plans stratégiques et de coordination entre industriels pour les inciter à investir dans nos pays. Il faut créer les conditions dans lesquelles les industriels puissent bien produire (main d’œuvre qualifiée, infrastructures, informations). L’autre incitation peut être la transition écologique et la question de l’ajustement carbone aux frontières qui pourrait être le mécanisme par lequel l’Europe doit reconnaître que si la production européenne produit engendre un surcoût, c’est pour assurer une bonne rémunération des travailleurs et des matériaux faibles en carbone. N°13 Q : Quelle est votre position sur la suppression de la dette ? R : Toute dette contractée doit être honorée. Le système de dette repose sur la confiance que vous accorde celui qui vous prête les fonds. C’est sur cet esprit que la dette commune européenne est fondée, sur l’idée que les remboursements se feront sur le moyen ou long terme sans oublier de soutenir la relance via des investissements pour l’avenir. Q : Vous avez à plusieurs reprises proposé que les citoyens européens donnent leurs avis sur l’Europe et sur ce qu’elle devrait être. Toutefois, on constate qu’il y a tout de même une certaine difficulté des citoyens à s’exprimer. Certes, il y a les élections européennes, mais elles connaissent des records d’abstention, il n’y a pas non plus beaucoup de référendum, comment sensibiliser au mieux les citoyens pour qu’ils puissent s’exprimer d’une autre manière ? R : Je pense que cela passe aujourd’hui par l’éducation civique, les jeunes au collège et même bien avant, à l’école : Qu’est-ce que c’est que d’être citoyen aujourd’hui dans un pays démocratique ? Favorisons les expériences qui incluent les citoyens tels que les conseils des jeunes, ou que la Conférence citoyenne pour le Climat rassemblant plus de 150 personnes tirées au sort. Pour inciter les citoyens à s’impliquer, montrons que leur parole, via la démocratie participative est prise en compte. Il s’agit d’un vrai sujet dont l’Assemblée nationale s’est saisie. Richard Ferrand a lancé une mission d’information sur la participation citoyenne et comment améliorer l’engagement citoyen.Related Ideas
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